L’enjeu : exploiter la majorité des données dormantes
Dans la plupart des organisations, plus de 70 à 90 % des données sont dites non structurées : documents bureautiques, PDF, emails, tickets de support, retours clients, présentations, etc.
Ces données contiennent une valeur métier considérable mais échappent aux outils classiques de Business Intelligence ou aux entrepôts de données relationnels.
L’Intelligence Artificielle, et en particulier les modèles d’embeddings, offrent une méthode robuste pour intégrer ces données dans l’analyse décisionnelle.
Embeddings IA : définition et spécificité
Un embedding est une représentation vectorielle générée par un modèle de Machine Learning (réseau de neurones).
L’IA transforme un texte ou un document en un vecteur de dimension élevée, qui capture les relations sémantiques plutôt que simplement lexicales.
👉 Exemple : deux phrases différentes, “l’ordinateur portable ne tient pas la charge” et “mon laptop a une faible autonomie”, seront proches dans l’espace vectoriel car elles expriment la même idée.
C’est précisément cette capacité de l’IA à encoder le sens qui permet des usages impossibles avec les méthodes statistiques traditionnelles.
Applications concrètes des embeddings IA
- Recherche sémantique
- Aller au-delà de la recherche par mots-clés.
- Identifier des documents ou retours clients exprimant un même problème avec des formulations différentes.
- Clustering et détection de thématiques émergentes
- Grouper automatiquement des contenus similaires.
- Détecter des signaux faibles ou des tendances récurrentes dans des volumes massifs de feedbacks.
- RAG (Retrieval-Augmented Generation)
- Alimenter un LLM (Large Language Model) avec les documents pertinents retrouvés via embeddings.
- Permettre des interactions en langage naturel avec les données internes, sans entraîner le modèle de zéro.
Une approche avancée : relier données SQL et données non structurées
L’un des usages les plus prometteurs consiste à combiner données structurées et non structurées via embeddings.
- Côté structuré : ventes, KPIs financiers, données ERP ou CRM.
- Côté non structuré : retours clients, tickets support, rapports PDF, comptes-rendus internes.
Grâce aux embeddings IA :
- Les retours clients peuvent être automatiquement rapprochés des produits ou services concernés.
- Les tendances qualitatives (plaintes, suggestions) peuvent être reliées aux indicateurs quantitatifs (CA, churn, satisfaction).
- Les équipes obtiennent une vision enrichie qui ne se limite plus à ce qui s’est passé, mais qui met en évidence pourquoi cela s’est produit.
⚠️ À noter : cette analyse met en lumière des corrélations, non des causalités strictes. Elle doit être utilisée comme un outil d’aide à la décision, et non comme une preuve définitive.
Mise en œuvre technique
- Collecte des données : extraire les documents non structurés et identifier les clés de jointure avec les données structurées (produit, client, période).
- Vectorisation IA : générer les embeddings via un modèle spécialisé (OpenAI, Cohere, HuggingFace).
- Stockage dans une base vectorielle : Pinecone, Weaviate ou FAISS pour une recherche rapide et scalable.
- Jointure intelligente : associer chaque vecteur aux données structurées pertinentes (SQL/ERP).
- Exploitation par un LLM : utiliser un modèle de langage pour résumer, analyser et restituer les insights en langage naturel.
Bénéfices observés en entreprise
- Exploitation de données dormantes : transformer la masse documentaire en actifs décisionnels.
- Réduction du temps d’analyse : automatiser des tâches qui mobiliseraient des semaines d’un analyste junior.
- Amélioration de la réactivité : identifier rapidement des problèmes clients avant qu’ils n’impactent les indicateurs clés.
- Décision augmentée : les dashboards ne se contentent plus de montrer des chiffres, mais mettent en relation quantitatif et qualitatif.
Conclusion
Les embeddings générés par l’IA constituent une brique technologique essentielle pour dépasser les limites de la BI traditionnelle. En reliant données structurées et non structurées, ils permettent une analyse holistique, à la fois quantitative et qualitative, qui enrichit la prise de décision stratégique. Cette approche, encore peu répandue, représente aujourd’hui un avantage compétitif pour les entreprises capables de l’implémenter efficacement.